Rencontre de soi à soi avec son intime

L’intime est ce que nous percevons de l’intérieur de nous-mêmes, plus sensation que perception consciente, et qui est indicible et non partageable. L’intimité en est une extension. C’est ce que nous acceptons de livrer de notre intime. L’art-thérapie travaille traditionnellement dans le montré à l’art-thérapeute, voire au groupe de l’atelier. L’art-thérapie peut-elle être aussi une affaire entre le patient et lui-même, amenée par l’art-thérapeute, mais à laquelle il n’aurait pas forcément toujours accès ? Cela suppose que le travail se passe aussi pour la personne entre soi et soi, dans la rencontre intime avec ses productions sans qu’elles soient montrées. Nous examinerons en quoi consistent ces suggestions de l’art-thérapeute, de confrontation silencieuse de la personne à sa production, sans que l’art-thérapeute lui-même ne puisse la percevoir ? Sorte de message énigmatique devant lequel la personne en soin méditera, qu’elle contemplera (cf. Schopenhauer), qu’elle recevra sensitivement. Il est des ateliers d’écriture qui ne passent pas à chaque production par une lecture à voix haute. Il est des productions plastiques que la personne tient secrètes sans les montrer à quiconque. Il est même des mélopées que la personne émet en sourdine, noyées dans un groupe où chacun fait le même exercice. Il est des gestualités discrètes. Car l’important est de s’adresser à soi-même.