Notes sur « The passing »de Bill Viola

Inaugurale de l’écriture de soi, cette phrase de Montaigne pourrait figurer en exergue de toute l’oeuvre de Bill Viola qui nous offre une réflexion des plus aiguës sur la transition, le passage, l’éphémère et, partant, une capture de l’instant. Interrogation et mise en abyme du temps, mise en abyme et interrogation de l’espace, interrogation et mise en abyme de l’être — l’espace-temps très singulier que crée Bill Viola dans ses installations vidéo est entièrement destiné à l’immersion du sujet. Le spectateur est frappé par l’omniprésence de l’eau comme figure et chiffre de la vie, matérialisation d’une traversée et du passage du temps. Dans le cadre de nos Journées d’Automne Traversées, j’ai choisi de commenter l’oeuvre The passing, une séquence vidéo datant de 1991, d’une durée de 54 minutes, que Viola a transformée dans son installation au Grand Palais en un triptyque qui montre sur le panneau latéral gauche la naissance de son fils, au milieu un homme plongé dans l’eau et sur le panneau latéral droit, l’agonie de sa mère qui a passé les derniers trois mois de sa vie dans le coma. « La naissance n’est pas un commencement, la mort n’est pas une fin ». Viola se réfère souvent à cette phrase d’un chef amérindien qui entre en résonance avec sa démarche spirituelle et artistique. Ainsi, Passing devient un véritable legs de sa réflexion existentielle sur le passage naissance — vie — mort, les trois écrans sacralisant le flot des images dont la juxtaposition génère des sens toujours nouveaux, à l’infini. 

Auteur
Silke Schauder
professeure de psychologie clinique, CRP-CPO (EA 7273), université de Picardie-Jules-Verne, membre de la SFPE-AT, psychologue clinicienne, art-thérapeute
silke.schauder@orange.fr
Référence
RA012-17
Traversées
Journées d’Automne 2018
Catégories
Psychologie
Vidéo
The passing
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