De la perte d’une petite chose qui change tout

Lorsque la jeune patiente de Blankenburg, Anne, distingue dans l’ensemble de ses troubles un trait fondamental qu’elle désigne comme « la perte de l’évidence naturelle »,elle isole un élément essentiel de la schizophrénie à partir de la forme hébéphrénique.

Cette forme pauci-symptomatique n’empêche pas le patient de réfléchir à ses troubles : il peut alors exprimer les conséquences du sentiment d’absence d’évidence dans le cours de sa vie quotidienne.

Blankenburg, suivant les indications de sa patiente, analysera le rapport entre ce déficit essentiel et les altérations de la constitution du monde, du temps, du « je » et d’autrui.

Si l’évidence naturelle est présentée par Anne comme « un petit rien, une petite chose drôle et innommable », elle n’en ressent pas moins son manque comme une pure privation d’existence.

En effet, cettepetite chose permet à l’homme d’exister en un monde transcendentalement structuré par le jeu des renvois entre les évidences transcendées.  

Sans ce petit rien, la « significativité » (Heidegger) du monde est défaite, et le « je » empirique doit lutter pour conférer à la présence un semblant de participation au sens commun.

Nous reprendrons cette notion de pertede l’évidence naturelleavec trois vignettes cliniques qui tenteront de mettre en lumière son caractère pertinent.

Auteur
Alain Gillis
psychiatre, pédopsychiatre
alaingillis@gmail.com
Référence
RA019-16
Mesure Démesure
Journées d’Automne 2022
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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