Le corps créateur à l’écoute des formes résonnantes

Séraphine Louis entend des voix divines qui lui promettent de grands projets artistiques. Elle est élue peintre et fleuriste de la Vierge.

Augustin Lesage vit le même sacre, au fond de la mine. Il entend alors une lumineuse prédiction qui lui annonce sa vocation de peintre.

Aloïse Corbaz consacre des impératrices et des empereurs sur des morceaux de papier qui n’en finissent pas d’être cousus entre eux pour s’allonger, laissant la forme dessinée s’amplifier de papier en papier.

Jeanne Tripier, sous l’égide de Jeanne d’Arc, est résolue à mener une mission pacificatrice planétaire, et ses broderies tracent peut-être les plans des territoires à reconquérir.

Ces créatrices et créateurs sont investis d’une mission de la plus haute importance : conquérir, construire, fabriquer, créer. Guidés, à l’écoute, ils s’ouvrent de nouveaux territoires à la hauteur de l’amplitude psychique qui se dévoile, à la hauteur de l’étroitesse vécue dans le corps enclos par la solitude, par le travail à la mine, par le milieu asilaire.

Donner forme, faire œuvre ; l’expansion psychique et corporelle se déploie, la conquête en création bat la mesure, les créatrices et créateurs se débattent avec elle. Les voix de la création formeraient-elles une possible voie du milieu ?

Les voix venues d’ailleurs, d’autres temps et d’autres espaces, permettraient-elles de se mesurer à l’impermanence du présent ? Comment la relation art‑thérapeutique peut-elle être à la hauteur de cet espace-temps démesuré qu’est celui de la création ?