Errances

Comment le geste artistique, nos pratiques cliniques, les dynamiques sociétales peuvent-ils être sujet et objet d’errances ? Présente dans la clinique, l’errance a partie liée avec l’échec thérapeutique et la fugue. Dans nos rues, dans les couloirs de nos institutions, le long des lignes d’erre des autistes matérialisées par Deligny, nous les voyons déambuler sans horizon. Sont-ils en fuite ? Cherchent-ils une rencontre qui donnerait une signification à leur route ? La désinsertion, la précarisation, l’aliénation sociale peuvent prendre chez des patients, des sujets sans domicile fixe ou des migrants, les formes les plus extrêmes de l’errance et du désarrimage. À cette errance physique s’associe une errance mentale, parfois revendiquée, mais souvent aussi source de pathologie, inséparable de l’angoisse d’une quête identitaire, de la recherche d’un lieu enfin stabilisé.

Contrairement au voyage, l’errance est sans repères apparents. Elle ne s’oppose pas à l’absence de but, mais ne connaît pas le chemin tracé pour y parvenir. Elle n’est pas non plus erreur, mais inscription hésitante dans le temps et dans l’espace que nombre d’écrivains ont célébrée (Rousseau dans Ses rêveries du promeneur solitaire, George Sand dans sa Lettre à un voyageur) et de musiciens (Schubert et ses Wanderlieder ou sa Winterreise, Mahler dans son Chant de la Terre). Plus proches de nous, des artistes contemporains comme Raymond Depardon ont pu saisir l’errance dans leurs photographies ou des cinéastes la montrer dans le road movie ou le western…

La pratique artistique, quant à elle, engage l’errance dans son geste, son contenu ou encore dans sa réception même. Le saisissement esthétique que produit l’œuvre d’art — la figure de Charlot chez Charlie Chaplin, le geste incertain d’un Cy Twombly, l’ironie d’un Jean-Luc Godard estimant s’être trompé de planète — nous met aux prises avec l’incertitude et le vacillement propres à l’errance. Comment l’œuvre s’en saisit-elle ? Quelles représentations en surgissent tant dans le travail artistique qu’art-thérapeutique ? C’est à ces différentes questions — cliniques, sociétales, artistiques, thérapeutiques — que nous tenterons de répondre en mettant à l’étude, lors des interventions, intermèdes artistiques, les figures de l’errance, les errances, et le travail de mise en sens à leur égard.

De l’errance (de-lire) à l’itinérance (relire et relier)

« Le chemin se fait en marchant » (Antonio Machado)  Du diable vauvert au Jardin de la Fontaine : eu égard à la ville de Nîmes et aux voies de la Romanité, ce trajet dit le travail qui incombe aux thérapeutes convaincus qu’aussi erratiques soient …

Les domaines de l’errance

La première association qui vient autour de l’errance est celle de la connotation négative qui lui est associée. On pourrait pourtant ne voir en elle qu’un simple comportement d’hésitation ou d’attente, comme celles des amoureux, des chercheurs ou de l’amateur d’art. Le problème survient quand …

« Là où je ne suis pas »

Errance, déplier ce mot. Un espace ? Un mouvement ? Une quête ? Lorsque Depardon accepte un travail sur l’errance, il se demande comment la photographier, comment lui donner des traces, un corps, une durée. Il s’appuie sur un texte d’Alexandre Laumonier : « L’errance …

Léonard de Vinci ou « Les errances d’un génie »

Léonard, natif du village de Vinci, inscrit sa trajectoire dans un mouvement discontinu sans cesse renouvelé, à travers des recherches élaborées à la fois de la forme et de la fonction de ce qui nous constitue, corps habité par la parole. Son écriture inversée de …

La blanche cavale

« Délirants, certes, ils le sont. Mais n’ont-ils pas leur méthode ? »Shakespeare. Hamlet La blanche cavale : deux mots piégés dans le coin d’une feuille à l’intérieur de l’un des carnets d’Aloïse. Deux mots qui ont donné son titre à ce carnet daté de …

Aux croisements de nos errances partagées

L’errance comme vagabondage, égarement ou encore instabilité peut tenir une fonction essentielle dans l’existence en ce qu’elle permet la rencontre. Le psychologue erre dans les couloirs de l’institution à la recherche de son patient, le photographe erre dans les rues à la recherche de l’image, …

Errances diagnostiques

L’existence est un drôle de voyage, un voyage qu’on débute sans vouloir, on s’illusionne de connaître le chemin et on se rassure à être normé, en refoulant l’autre paramètre de ce voyage à savoir que sa fin, à chaque instant, ne dépend pas de nous …

Voyager sur les traces des expressions de la folie à travers l’Art Brut et l’Art-Thérapie

Nous rapportons l’expérience de nos voyages (France, Europe, US) depuis des années pour voir comment sont présentées les expressions de la folie, qu’il s’agisse du milieu de l’AB ou des milieux médicaux. Véritable errance tant la variété des sites, des dispositifs scénographiques, des publics, les …

L’enfant qui a la tête en l’air

L’enfant qui a la tête en l’air, si on se détourne, il s’envole. Il faudrait une main de fer pour le retenir à l’école. L’enfant qui a la tête en l’air ne le quittez jamais des yeux : car dès qu’il n’a plus rien à …

À la conquête d’une errance, avant-propos au documentaire

D’un jet de vague à l’écume d’un murmure, d’un « j’sais pas quoi faire, qu’est-ce que je peux faire » à « on n’est pas sérieux quand on a 17 ans », l’idée sera de partir à l’aventure au fil de traversées cinématographiques défricher quelques …

Les métaphores de l’errance dans L’Embranchement de Mugby de Charles Dickens

« C’est ainsi qu’à l’Embranchement de Mugby, à trois heures du matin passées, par un temps épouvantable, le voyageur s’en alla où le poussaient les intempéries. […] plongeant le regard dans la nuit noire, traversée par les battements d’aile frénétiques d’un ouragan à l’esprit encore …

Don Quichotte ou l’Errance en héritage…

Si l’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Mancha est le héros du roman le plus lu des Temps modernes c’est bien parce qu’il incarne à lui seul le mythe universel de l’errance, celle de l’Homme torturé entre deux mondes, celui du réel prosaïque et celui …

Elle errait quelques temps en l’air — du Hors temps au Tempsrythmique. Intemporalité du trauma et danse africaine

Quel est ce parcours qui nous a menés d’une clinique de sujets souffrants dans leur corps d’obésité, ou de cancer , deux atteintes somatiques ou psychosomatiques, à une pratique avec certains d’entre eux de la danse traditionnelle africaine ? Le mutisme de ces patientes et …

Itin-errances : marcher pour se rencontrer

Marcher, balader, vagabonder, se déplacer sont autant de termes qui évoquent l’espace dans sa dimension exploratoire. Quels rapports entretiennent- ils avec l’errance subjective ? Que dire des flâneries de Rousseau, des longues marches de Jean Giono pour retrouver les mots manquants de ses poèmes ? …

Erre-moi dans tes bras

Nomade de la polysémie, Léo papillonne dans tous les sens des mots. Lors d’une fête à l’hôpital, il voyage en solitaire suivant des yeux l’infinie duplication des taches de lumière projetées sur les murs par une boule de miroirs qui tourne au plafond. Alors qu’en …

Ici et ailleurs

Nous avons l’habitude d’entendre l’expression, « ici et maintenant ». Si nous regardions du côté de « ici et ailleurs ! » « L’ailleurs » est-il du côté de l’acte au côté du « ici » ou uniquement du côté du désistement ? Faut-il croire …

Franchissements – Remous de la mer, Errance des migrants

Franchir la mer Méditerranée pour des migrants et leurs enfants, c’est affronter une nuit à l’issue incertaine, compter sur un ailleurs inconnu, imaginer un exil et un avenir meilleur, alors que le présent est d’abord une errance vers un rivage, au rythme du remous des …

De la portée de ce qui nous meut

À travers un cas clinique nous proposons de considérer le processus de création comme un agent intensificateur de l’errance propre à toute tentative de cheminer vers soi-même. Nous verrons comment l’étendue, générée par les mouvements du patient-errant qui n’en finit pas d’en tracer la situation …

Balises

Puisque dans un portrait, on peut se demander qui du peintre ou du modèle est représenté, il m’a semblé nécessaire dans un premier temps de me demander ce que ce sujet suscite en moi, pourquoi cet intérêt pour l’errance, comment s’en emparer — si tant …

Co-errances, essai imagé d’autobiographie universelle

Choisie, méconnue ou subie, l’errance ne s’exerce jamais ni à l’avantage ni au risque d’une blanche solitude muette, mais traîne toujours derrière elle le cortège murmurant, rêveur, nostalgique, douloureux, parfois tragique, d’ombres quittées, perdues, abandonnées avant, espérées plus loin, ne serait-ce que dans l’échappée réflexive, …