Les états de conscience limites. Entre ombre et lumière

Le pont de douceur dont parle le poète aurait-il quelque réalité ? Oui, si l’on en croit les nombreux témoignages de personnes ayant vécu une EMI (expérience de mort imminente). Alors que les signaux habituels de la présence s’éteignent (le sujet dans l’ombre), se révèle une présence autre, celle d’un sujet de l’ombre ? État paradoxal où une conscience crépusculaire semble s’accompagner d’un vécu particulièrement « lumineux ». Du point de vue médical, le sujet inconscient est un sujet « sans ombre », exposé (à plat) en pleine lumière. Or, l’intimité implique l’ombre. Bien plus, elle est preuve d’existence : il n’est d’ombre portée au sol que d’un sujet debout. Un sujet sans ombre est-il encore un sujet ? De même que le sujet de l’inconscient n’est pas le sujet inconscient (Lacan), le sujet de l’ombre n’est pas le sujet sans ombre, objet de réanimation. L’absence objective (sous la lumière) du sujet de l’ombre ne signifie donc pas l’absence de sujet. Nous préciserons d’abord la nature des états dont il est question (coma, EVP, ECM, mort cérébrale) et la qualité des expériences susceptibles d’y être vécues (notamment les OBE). Nous envisagerons ensuite quelques données récentes sur les rapports entre mort cérébrale et EMI. Nous aborderons la question essentielle du maintien d’une présence dans l’absence de comportement manifeste, à partir de quelques exemples, et la difficile question de la définition légale de la mort. Nous envisagerons, enfin, brièvement, comment, en psychothérapie, l’ombre de la mort peut éclairer la vie. Le surgissement de la nouveauté (de la créativité) ne suppose-t-il pas toujours une part d’ombre ? La lumière (de la vie) ne surgit-elle pas nécessairement de l’ombre (de la mort) ? Rien de nouveau sous le soleil (Qôhèlet, 1, 9) La puissance du Très-Haut te prendre sous son ombre (Lc., I, 35).