Ombre et lumière dans l’œuvre et la vie du Caravage

L’œuvre picturale du Caravage, plus que tout autre, parle de la vie du peintre et nous éclaire aussi sur ses zones d’ombre…Tel un livre autobiographique, elle raconte la relation enfant à sa mère, révèle ses intérêts, ses amitiés et même sa vie amoureuse et sexuelle. Elle laisse surgir des ténèbres de son inconscient ses fantasmes et ses émois. Le choix des sujets profanes des tableaux du Caravage n’est pas dû au hasard : Jeune garçon mordu par un lézard, Concert de jeunes gens, La Diseuse de bonne aventure, Les Tricheurs, L’Amour vainqueur ou Amour profane. La manière dont il représente des sujets mythologiques (Le petit Bacchus malade, Grand Bacchus, Narcisse) ou religieux (Madeleine repentante, Saint Jean-Baptiste, Judith et Holopherne, La Vocation de Saint Matthieu, La Conversion de saint Pierre, La Mort de la Vierge, Madone des Palefreniers, Les Sept Œuvres de Miséricorde) n’est pas anodine. Le peintre imprime sa marque personnelle qui fait scandale. Il fera siennes les nouvelles manières des peintres lombards, en réaction aux rigueurs de la Contre-Réforme : peindre un événement de l’histoire sacrée avec une vision immédiate et réaliste. Il deviendra le maître incontesté du clair-obscur avec un éclairage latéral dont s’inspirera Rembrandt. Ne peut-t-on penser que cette fascination pour le clair-obscur révèle le clivage de sa personnalité : le peintre reconnu en pleine lumière et l’homme qui fréquente de mauvais garçons et partage leurs beuveries, tricheries aux cartes et rixes ? L’une d’entre elles tourne mal, il y a mort d’homme et Caravage est condamné pour meurtre. Cet événement qui bouleverse sa vie peut-être inspiré David tenant la tête de Goliath avec sa propre tête !