Perdre le jour – l’image de Caravage

Caravage — on ne prononce plus ce nom, qui en français, mais en français seulement, sonne si bien comme « rage », « ravage » et pourquoi pas « image », sans avoir envie de l’accompagner et le compléter de quelque point d’exclamation, interjection, onomatopées, qui marquent la surprise, voire l’indignation. Il est devenu de ces peintres dont on regarde les tableaux, à tout le moins étonné, en se demandant — mais qu’a-t-il fait ? Que la surprise touche à l’oeuvre entier — une oeuvre passée en vingt ans de la lumière aux ombres, des tons de comédie à ceux du drame et du tragique — ajoute à la stupéfaction, comme on interrogerait cette fois, en plus des tableaux, la peinture, qui l’a faite autant que ce qu’elle nous fait. Car, à perte de vue, la peinture ne cesse de parler, bien sûr sans mots, que d’une perte, intervenue, répétée ou toujours à venir, redoutée ou désirée allez savoir — celle de ce qu’on tient d’ordinaire pour un bien rare et précieux, disons ici, bien au-delà de la seule lumière, le Jour.

Auteur

Olivier Wickers
haut fonctionnaire et écrivain
 

Référence
RA006-04
Ombre et Lumière
Journées d’Automne 2014
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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