«La lumière qui m’intéresse est d’une autre nature que sensorielle ou concrète. C’est une lumière du dedans qui est peutêtre de l’ordre de ce qu’on ignore en soi. C’est pourquoi j’ai inventé le mot Outrenoir pour le substituer à Noir-Lumière …». Ainsi Pierre Soulages nous introduit-il à la dimension métaphysique de son Outrenoir qu’il définit comme « un autre champ mental ». Il ne s’agit pas tant de peindre avec du noir qu’avec la lumière réfléchie par les états de surface du noir. La peinture s’exerce dans une simultanéité, le tableau se faisant génère un ensemble surface-couleur-matière, une peinture qui fait face. Un nouveau rapport à l’espace est créé : l’espace du tableau est devant la toile et le spectateur se trouve inclus dans cet espace. Ce qui importe, c’est la force d’une présence, celle-là même que Soulages a éprouvée en découvrant les statues-menhirs du musée Fenaille à Rodez : des oeuvres qui le font se sentir vraiment vivant et qui le construisent. Du noir à la lumière, la peinture est pour Soulages une aventure en train de se jouer, un engagement de tout l’être, un état d’attente et d’ouverture à l’inconnu ; elle est porteuse d’une dimension sacrée, initiatique … Du noir à la lumière, l’expectative d’une naissance ? ou d’une renaissance perpétuelle : « renaître à la peinture, au monde et aux questions qu’il nous pose ». Noir créateur de lumière, émergence d’un obscur néant vers la lumière de la vie ? Conception qui appelle la dimension thérapeutique de l’oeuvre d’art mais aussi la philosophie du geste, composé de mémoire et de projet, schème de temps et générateur d’espace, selon Michel Guérin.
Auteur |
---|
Valérie Deschamps psychiatre, psychanalyste, médecin-directeur, Aubervilliers |
Référence |
---|
RA006-22 Ombre et Lumière Journées d’Automne 2014 |
Catégories |
---|
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
---|
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
Lire l’article complet |
---|
S’abonner Se connecter |