La barbe-bleue de la perversion à la créativité, le chemin d’individuation de la femme

Le conte Barbe-Bleue a inspiré la création de l’exposition Barbe-Bleue, le cabinet secret, dont l’artiste pratique l’art textile1. Il s’agit d’une exploration de l’espace (le lieu est une magnifique cave voûtée éclairée à la bougie) et du temps (sept expositions sur deux ans). Au fil de ce temps, l’artiste crée sept robes avec différents matériaux dont ses propres cheveux, qu’elle coud, tisse, défait… et qu’elle pend dans la cave comme évocation des épouses défuntes de Barbe-Bleue2. À travers le thème de Barbe-Bleue, nous traitons du prédateur externe. Il s’agit d’analyser les relations d’emprise dans le couple. Barbe-Bleue peut être vu comme le séducteur de jeunes filles qu’il enferme dans son univers domestique flamboyant et qu’il tue au seuil de la sexualité devant l’impossible engagement, répétant l’outrage six fois. La septième jeune fille est capable d’échapper au piège tendu par l’ogre. Tout ce qui est extérieur est aussi intérieur, peut-on dire avec Goethe. Il s’agit aussi, bien entendu, de l’étude du prédateur interne de la psyché féminine qui est lui-même l’empêcheur de l’accomplissement. Nous pouvons considérer l’épreuve de la Barbe-Bleue comme le cheminement menant à l’individuation. La jeune fille devient capable de créativité pour échapper à ses démons internes et s’accomplir.

Auteur
Annie Boyer-Labrouche
psychiatre, psychothérapeute, art-thérapeute, écrivain.
Référence
RA006-14
Ombre et Lumière
Journées d’Automne 2014
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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