Ombre, lumière, couleur, histoire d’une spatialisation de l’ombre   

Nous partirons, avec Henry Maldiney, d’une analyse esthétique et phénoménologique de visages des mosaïques byzantines. Dans celles-ci, l’oeil noir, véritable moyeu de vision et de mystère des visages du Christ ou de la Vierge amène l’ombre de l’être au devant de la surface en pleine Lumière, comme révélation ou apocalypse. Ce point phénoménologique d’une rare intensité, démultiplié de tessère en tessère, argumente de cette ombre noire et en propage sur l’étendue des mosaïques la puissance signifiante. Pour Maldiney, le noir est une forme saturée, qui va de tessère en tessère, par raréfaction et rythmiquement, donner l’éblouissement de la lumière et sa révélation. Au sujet des productions en atelier d’art-thérapie et de la posture de l’art-thérapeute, nous nous éloignerons de l’approche purement phénoménologique propre à Henri Maldiney. La mise en lumière (apparition) de ce qui peut être un sombre fond, ne suffit pas pour signifier l’oeuvre, c’est le « basculement », le mouvement pendulaire de l’ombre à la lumière qui met en rythme une spatialisation signifiante des productions. Il y a de fait, une spatialisation de l’ombre. L’art-thérapeute ne doit-il pas recevoir le sombre fond de ce qui est produit, non pour l’enlever, ou le « guérir », mais bien plus pour en permettre en premier lieu l’établissement pendulaire dans la lumière du reste de la feuille. Le sombre fond, dans une visée art-thérapeutique fait couleur. Ne pas effacer la saturation, mais que celle-ci en se propageant de proche en proche fasse jeu de présence et absence, de mémoire et fasse ainsi langage.

Auteur
Olivier Saint-Pierre
art-thérapeute,
Lyon
Référence
RA006-23
Ombre et Lumière
Journées d’Automne 2014
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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