La greffe cardiaque précipite le sujet dans la (re)considération conscientisée de son corps. Le récit en 1ère personne procède d’une immersion corporelle qui décrit le dedans de soi et qui renverse le débat expert médical en 3e personne autour d’une « pompe » défaillante. — Le « corps vécu » relate, par les dires et les dessins subjectivés de leur coeur, la frayeur de l’effraction de soi, l’espoir magnifié, le (dés-)accordage avec l’intrus augurant une incorporation incarnée réussie en le soi ou un état dépersonnalisant, le greffon étant inconsciemment investi en bon/mauvais objet. Pensées mortifères et dette morale envers le donneur expriment un dilemme, voire la mission altruiste d’assumer cette vie transmise aux dépens de soi, (comme) en écho à des proches du donneur déportant leur douleur, par projection, sur le paradoxe d’un noyau de vie indicible persistant en les organes du défunt… qui a les apparences de la vie et les appartenances (sauf le cerveau) dues à la mort clinique. Le « corps vivant » receveur, biologique et non conscient, produit d’étranges manifestations internes perturbant la conscience du corps vécu, jusque dans la relation affective à autrui. Quand l’inquiétant s’invite au coeur même du corps, la reconstruction du sentiment de soi unifié questionne, d’autant que l’hybridité somatique et la chimère immunitaire sont réalités.
Auteur |
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Jocelyne Vaysse psychiatre honoraire des hôpitaux, docteur en psychologie clinique et pathologique HDR |
Référence |
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RA009-02 L’Étranger Journées d’Automne 2016 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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