Depuis la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle l’École de Paris a accueilli de nombreux artistes étrangers (Chagall, Modigliani, Picasso, Kisling, Zadkine, Foujita…) venus de tous horizons, souvent exilés parce que juifs ou fuyant la guerre et les totalitarismes ou tout simplement attirés par l’aura d’une capitale rejetant l’académisme antérieur et à l’aune de l’art moderne. Parmi eux Chaïm Soutine illustre fort bien ce courant étranger à la fois étrange et qui dérange. Il est russe et juif, et son oeuvre picturale pour le moins singulière reste un questionnement. Y a-t-il un lien entre ces deux qualificatifs « étrange-étranger » reprenant le poème de Prévert ? À l’instar de Dionysos, le dieu grec représentant l’altérité divine, l’étranger par excellence, celui qui est différent donc étrange, Soutine instaure aussi un espace de transgression qui condense ces deux termes. Ses portraits, natures mortes et surtout ses paysages sont étranges et atypiques. Ils renvoient à un entre-deux tourbillonnant spatial, temporel et culturel, entre réalisme et expressionnisme, réel et fantastique, chaos apparent et chaos ordonné où le lyrisme de la matière est en soi le mouvement… Toutes ces contradictions de sens, de ressenti, de rejet et d’admiration pourraient être ainsi l’essence même de ce sentiment d’étrangeté qui émane de son oeuvre.
Auteur |
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Ghislaine Reillanne psychiatre |
Référence |
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RA009-10 L’Étranger Journées d’Automne 2016 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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