L’étranger, cet alter ego souterrain si précieux pour notre créativité

Pour le philosophe Emmanuel Lévinas, la responsabilité doit être pensée à partir de la relation à autrui qui est d’emblée « éthique » (morale) : « J’entends la responsabilité comme responsabilité pour autrui, donc comme responsabilité pour ce qui n’est pas mon fait, ou même ne me regarde pas ; ou qui précisément me regarde, est abordé par moi comme visage […] La relation éthique à autrui crée une responsabilité qui va en quelque sorte au-delà de nos propres actes pour autrui. C’est une responsabilité politique (c’est-à-dire directement liée à l’organisation et à l’exercice du pouvoir dans notre société). La responsabilité nous invite donc à accueillir non seulement autrui… mais le visage d’autrui… l’homme, la femme, l’enfant, l’étranger qui est en face de nous. Pour le philosophe et universitaire David Smadja : « Le visage d’autrui dans son extrême pauvreté, vulnérabilité, singularité et fragilité, oblige à lui répondre et finalement à répondre de lui. » Cette phrase entre, bien évidemment, en résonance avec les drames migratoires récents, mais également avec le chemin à tracer dans tout acte d’accompagnement. La relation d’aide nous invite constamment à transgresser les frontières de l’évidence pour accueillir chaque processus d’individuation comme un surgissement. Parfois sauvage, la part réelle et incommunicable de chaque individu est souvent perçue comme une « étrangeté » qui peut nous déstabiliser si nous ne l’avons pas nous_mêmes apprivoisée. 

Auteur
Alain Vasseur
directeur artistique,
Itinéraires singuliers
Référence
RA009-13
L’Étranger
Journées d’Automne 2016
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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