De l’étranger au Musée égaré

Nous rapportons les écrits d’Alain, ancien sujet catatonique, car nos Journées doivent aussi donner la parole aux patients. Nous y gagnons par la pertinence des illustrations qu’elle apporte à la théorie. Ses écrits décrivent d’abord l’effondrement dans la psychose, puis la reviviscence par la création, car depuis il est devenu dessinateur et ses pastels sont débordants de vitalité grâce à son investissement assidu de l’art-thérapie. Nous retrouvons- là les conditions de la relation à l’environnement nécessaire au développement du self, selon Winnicott. Mais aussi un écho aux effondrements qu’ont traversés Aby Warburg et C. G. Jung, et qui les ont eux aussi reconfigurés dans Mnémosyne et Le Livre Rouge. Qui plus est, ces épisodes nous concernent aussi par les dispositifs que les curateurs actuels cherchent à inventer pour mettre le visiteur en situation d’exploration du regard face à des oeuvres sans liens apparents ou inédites. C’est le cas dans des expositions comme Le Palais encyclopédique à Venise, au Grand Palais, ou le Musée égaré auquel nos patients ont été sélectionnés pour le Printemps de septembre d’art contemporain à Toulouse. C’est aussi le choc passionné des amateurs d’art brut devant ces oeuvres, la fascination pour l’égarement éprouvé devant cette beauté insoupçonnée, où ils ne font que projeter leur part inconnue.

Auteur
François Granier
psychiatre,
président d’honneur de la SFPE-AT,
responsable DU-FC psychiatrie,
psychothérapies médiatisées,
art-thérapie,
service de psychiatrie, psychothérapie et art-thérapie,
CHU Purpan, Toulouse
Référence
RA009-19
L’Étranger
Journées d’Automne 2016
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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