Dans l’intimité de Berthe Morisot

Berthe Morisot (1841-1895), peintre et intime du cercle des
impressionnistes, fut modèle et amie d’Édouard Manet
dont elle épousera le frère Eugène. Après le décès de Manet,
c’est elle qui anime un cercle d’impressionnistes, artistes et intellectuels dont les plus « intimes » sont Degas, Monet, Renoir
et Mallarmé, au point qu’après la mort d’Eugène Manet, Berthe
désigne ces quatre amis par testament pour veiller sur sa fille
Julie Manet.
Énigmatique, méditative, mélancolique, austère, voire hautaine et froide, ainsi Berthe Morisot a-t-elle pu être qualifiée
par ses proches. Pourtant rien de tout cela n’apparaît dans ses
tableaux qui semblent respirer le bonheur de l’intimité familiale, la sienne ou celle des proches qui lui servent de modèle.
Berthe vit sa peinture et peint sa vie dans une intimité d’existence, comme le soulignera plus tard Paul Valéry.
À partir de 1883, les deuils s’accumulent autour de Berthe
Morisot ; ce sont le décès des trois frères Manet dont son mari,
sa belle-mère, sa sœur aînée … Son journal intime atteste de
moments de désespoir. Mais sa fille Julie et ses nièces préservent
autour d’elle un univers très vivant. Et jamais son pinceau n’a
été si léger, les couleurs si fraîches, les sujets animés, voire
teintés d’érotisme. Comme si la peinture permettait d’exalter la
vie, de préserver la gaieté, de partager l’innocente jeunesse des
modèles…