La résonance intime sur toile et toilette de la femme

La femme (féminité à fleur de peau / féminin intime de la
chair) est la perle (point de mire, foyer, miroir, miracle)
de l’intime, qu’elle soit habillée ou dénudée, chez J. Vermeer
comme chez P. Bonnard, prophètes (nabis à deux siècles de
distance) de ce moment pathique de réactivité sensitivo-émo-
tionnelle au monde (kosmos) pas encore organisé par des repré-
sentations formelles ni des contenus différenciés.
À l’instar d’une femme tout entière absorbée dans son
intimité (sa toilette, son ouvrage, sa quintessence) que le
visiteur anonyme ne saurait déranger, tout comme un clinicien
qui s’interdit des paroles intrusives, mais non pas une attitude
pondérée, le peintre effleure à distance intime le corps du mo-
dèle ; en caressant, poudrant, pigmentant la toile il fabrique
une enveloppe capable de contenir, de syntoniser les émotions
discordantes, mais aussi de réveiller le bruissement sensible.
H. Rorschach (inventeur en 1921 du test éponyme des
taches d’encre) pour conceptualiser l’âme de ce type d’appareil
d’accordage (tuner) proposera Erlebenistypus judicieusement
traduit « type de résonance intime » par Ombredane. Il montra
que la valeur heuristique et clinique de cet appareil de mesure
du sentir — ici l’intime — passe par la balance des kinesthésies
et des chromesthésies avec une participation dosée des détermi-
nants formels. Dans l’œuvre patiemment construite, pesée, de
nos deux parangons de l’intime, l’art de la cosmétique et celui
de la cosmologie confinent, pour montrer l’accord intime (rela-
tedness plus que relationship dira Winnicott) avec le monde et
ceux qui l’habitent, à un climat de confiance nécessaire à toute
transformation thérapeutique et artistique.

Auteur
Jean-Pierre Martineau
professeur honoraire de psychologie clinique et psychopathologie,
université Paul Valéry, Montpellier
jean-pierre.martineau0152@orange.fr
Référence
RA010-05
L’Intime
Journées d’Automne 2017
Catégories
Peinture
Cinéma
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