Les voix intimes du silence

« Les autres chefs jouent les notes, moi je joue ce qu’il y a
entre les notes. »

Wilhelm Furtwängler à un journaliste.

Dans la musique, le silence inspire les modulations du
temps, il donne le rythme et l’expression. Dans la peinture,
il participe à l’harmonie. Au-delà de son sujet, l’œuvre picturale
évoquant le silence est tranquille de tons et de teintes, vouée au
calme serein des coloris feutrés — comme chez Vermeer.
Les vertus du silence, les comédiens les connaissent bien. Elles
sont l’âme des grandes interprétations. Qu’y a-t-il donc alors
de magique entre les mots ? Le silence inhabité de l’absence ?
L’intime à l’état pur ?
Peut-on exprimer l’intime dans ses profondeurs les plus vraies
en donnant au silence le sens d’une parole ? Que devient donc
un texte quand, entre les mots, les phrases, les inflexions, les hésitations mêmes de la voix dans le phrasé, les pauses confèrent
aux silences la valeur d’une présence ?
Les silences sont pour l’acteur la respiration vivante du texte ;
ils donnent à l’écriture son souffle et son élan poétique. Parfois
même, ils trahissent le sens des mots. Tel est, dans la prosodie,
l’art des pauses silencieuses.
C’est aussi le paradoxe de l’analyse. Le silence y est par nature
le lieu secret de l’intimité, de l’insu, de l’indicible, cette contrée
peuplée d’ombres inconnues et de rêves étranges.
Avec Frantz Dekramer, nous avons tenté d’explorer les valeurs
expressives du silence dans la dramaturgie d’une interprétation.
Si une théorie a pu inspirer notre tentative, elle ne sera suggérée qu’à mi-dire, entre les mots, dans les échos inspirés des
silences.
Trois thèmes, après le prélude, seront explorés :
Analyse
Rêve
Amour et haine
Écoutons le silence…

Auteur
Gérard Bouté
docteur en littérature française,
commissaire d’exposition,
vice-président de la SFPE-AT
gbmuseart@gmail.com
Frantz Dekramer
comédien
Référence
RA010-13
L’Intime
Journées d’Automne 2017
Catégories
Poésie
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