Romy Schneider, intime

L’art peut être l’écriture d’une vie et les drames de l’intime
mis en scène. La carrière au cinéma de Romy Schneider en
témoigne à son corps défendant. Les paradoxes d’une comédienne hors du commun non moins, du destin d’une princesse
étrangement familière, filmée au cœur de ses vies multiples et
de ses valises familiales, à l’horizon de ses tragédies personnelles.
L’occasion rêvée pour associer librement et se demander en-
semble si on peut tout montrer dans l’art ? Quelles vérités supposées ? Quels mensonges déguisés ? À partir des incendies du
trauma et des limites du travail « de deuil », aux frontières de la
présence dans l’absence. Les femmes en attestent, quand elle les
interprète à la fois blessée et rayonnante, infiniment simple et
terriblement inquiète (Les choses de la vie,1970). Romy Schneider à qui il a tant été donné pour être repris, ordinaire, mystérieuse.
Ravissante étrangère sexe-posant (La piscine, 1969) sur l’autel
du voyeurisme, des dévoilements de l’irreprésentable aux dé-
sappropriations biographiques dont elle joue et qui se jouent
d’elle… Invitations à fantasmer qui s’adressent au spectateur
dans ce qu’il y a de plus intime en lui, transferts de secrets et
intériorités partagées.
Prisonnière de l’intensité de vivre dans son art, Romy incarne
naturellement la lutte d’Éros contre Thanatos et le conflit
des sublimations réparatrices tout contre les créativités destructrices. Avec la plus grande pudeur qui soit, à l’opposé de
l’obscénité profanatrice de certains regards et aux limites de la
catharsis (La passante du Sans-Souci, 1982). Dès lors, où commence le silence et quand cela cesse-t-il d’être du jeu ? D’un
instant d’éternité à l’autre, dans l’attente (illusoire ?) des joies
et des peines qui s’amoncèlent. Quand les angoisses mélancoliques rejoignent à la fin l’envie, d’une scène l’autre, d’en finir.