Dévoilement d’un journal intime : Anaïs Nin

« Rien n’existe avant d’être écrit, j’avais l’encre dans le sang. »

Anaïs connaîtra son premier amour avec son père, musicien
fantasque et pianiste virtuose, toujours en représentation.
Séduit et fasciné par la beauté de sa fille, il ne cesse de la photographier et d’exposer les images intimes de son corps de petite
fille charmante.
La rivalité sexuelle qui s’ensuit avec sa mère, annonce les
désillusions de cette relation idéalisée qui la conduira à un
désespoir profond quand le père disparaît définitivement. La
petite Anaïs, à 11 ans, lui écrira chaque jour des lettres d’amour
pour le faire revenir. Ce travail solitaire d’écriture, entrepris
à cette occasion, ne s’interrompra jamais. À l’adolescence, à
New York où elle vit désormais avec sa mère, elle découvre le
monde de la mode où elle exhibera ce que son père avait déjà
découvert. Elle aime les hommes, les séduire, le sexe, danser,
s’amuser, s’étourdir. Ses amours sont autant charnelles qu’intellectuelles, artistiques et littéraires et quand la fête est finie, elle s’isole chaque jour pour retranscrire ce qu’elle vient de vivre
dans son journal. Elle y recrée tout de ce qu’elle fait de son
corps, de son esprit avec la clairvoyance humaniste de ce qu’elle
fait de sa liberté.
Plus ou moins destinées à la publication, les pages du journal
s’amoncellent et Anaïs s’y présente dans son rapport de complémentarité amoureuse à l’homme et à la création. La liberté
sexuelle exprimée la libère du factuel et avec ses maîtres amants,
elle règne dans l’indépendance que lui donne la reconnaissance
de sa propre œuvre littéraire.
Son art est celui de transcrire dans les mots le cheminement
d’une vie qui s’engage toujours à l’extrême de ce qui peut arriver. Le talent d’Anaïs est autant dans sa vie que dans son jour-
nal. Plus de 25 000 pages dont la réputation sulfureuse ne la
contrarie pas. Elle sait que c’est l’essence de sa liberté qu’elle y
donne à voir.
L’intime qu’elle retranscrit dans son travail d’écriture devient
figure de l’humain, proposition de relativisme sur l’existence
qui ne vaut d’être vécue que dans la joie de sa re-création.

Auteur
Luc Massardier
psychiatre
lucmass@wanadoo.fr
Référence
RA010-17
L’Intime
Journées d’Automne 2017
Catégories
Écriture
Littérature
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