L’intime du lieu : esquisse d’une phénoménologie du lien dans le travail paysan


Le travail paysan a constitué un milieu de vie dans lequel
l’intériorité se situait moins dans les plis et replis du Moi,
dans son « for intérieur », que dans ses alentours au lieu même
du lien entre l’interne et l’externe. Le labeur paysan noue et
dénoue le matériel et le spirituel, le privé de l’acte producteur
et le commun d’un milieu partagé, la famille instituée et la
nature domestiquée, faisant vivre celle-ci en façonnant celle-là.
« Le paysan traditionnel, écrit Henri Mendras, avait le sentiment d’avoir ‘‘ fait ’’ son champ et de le connaître comme le
créateur connaît sa création », ce qui relève pour nous l’amplitude anthropologique du « trouvé-créé » décrit par Winnicott.
Par la forme de son activité, le paysan n’a sans doute pas
eu à réduire ce rapport au monde en suivant un mouvement
intensif de « retour aux choses mêmes » prôné par Husserl, dès
lors que cet écart entre vie, pensée et milieu ne s’est pas creusé
et distordu comme chez l’individu engendré par une modernité
« hors sol ».
Nous proposons ici d’esquisser une lecture phénoménologique de cette intimité de la terre vivante « œuvrée », qui pourra
être opposée aux formes contemporaines et industrialisées de
ce travail marqué par une désymbolisation des pratiques et une
cassure entre l’être et le faire.

Auteur
Philippe Spoljar
maître de conférences en psychologie clinique,
université Jules-Vernes, Amiens
philippe.spoljar@u-picardie.fr
Référence
RA010-29
L’Intime
Journées d’Automne 2017
Catégories
Phénoménologie
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