Apientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible. » Cette déclaration de la Leçon inaugurale de Roland Barthes au Collège de France (1977) est la marque d’un homme de goût qui savait accommoder les plaisirs de la table : celle de son travail d’écriture et de pictographie, celle de son séminaire et des repas en bonne compagnie. Plaisirs de bouche — parole, flaveur, baiser — mis en scène (entre Cène et Obscène) au bord de l’abîme, de ce point de basculement du goût au dégoût. On sait bien qu’ils ne se discutent pas et pourtant on ne parle que de ça, ils font les délices de la conversation pour autant qu’une table ou un tableau nous invitent à nous asseoir, à interrompre notre marche ou notre marché afin de savourer et de partager du bout des lèvres ou à pleine gorge, sur la langue et en plein palais. Barthes nous entraine de « la lecture de Brillat-Savarin » à la peinture (cet art entre cuisine et écriture) d’Arcimboldo et de Réquichot, vers ce bord figuré dans toute nature morte, où les objets de plaisir risquent de verser dans les abîmes de jouissance. Par défaut d’art (composer, se tenir, échanger) de table on bascule du Festin de Babette (Axel, 1987) à La grande bouffe (Ferreri, 1973), du Déjeuner sur l’herbe (Manet, 1863) aux spasmes de dégorgement du Personnage au-dessus d’un lavabo (Bacon, 1976).
Auteur |
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Jean-Pierre Martineau Pr honoraire de psychologie clinique et psychopathologie, université Paul-Valéry-Montpellier |
Référence |
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RA011-12 Le Goût Journées de Printemps 2018 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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