Du goût et du dégoût pour l’image… photographique

Nous sommes tous amenés à nous confronter, dans le quotidien, aux images (surtout photographiques) qui ne cessent de nous interpeller intimement. Elles réussissent à nous séduire (c’est le but de la publicité !) mais aussi à nous provoquer, à nous heurter si elles ne nous laissent pas indifférents. Ainsi est le jeu de l’image qui peut nous apparaitre bonne ou mauvaise dans un sens qui peut se révéler plus éthique qu’esthétique. Le rapport à la photographie, comme il a souvent été dit, dépend du rapport que l’on entretient, à notre corps défendant la plupart du temps, avec le réel (disons à ce propos que la photographie entraine un effet de réel plus qu’elle ne prouve l’existence du réel). Nous ne nous permettons donc pas de porter un jugement de valeur sur les réactions que suscite la photographie. Nous constatons seulement qu’elle dévoile, qu’elle réveille en nous plus que des souvenirs, mais des réactions qui peuvent sembler inattendues, démesurées voire passionnelles. Cela n’exclut pas des réactions d’empathie, d’esthètes amateurs de belles images (le « goût exquis » des collectionneurs) mais, dans le cadre qui nous intéresse ici, nous avons surtout interrogé les réactions d’effroi, de refus, voire d’écoeurement provoquées par des photographies. Pourquoi certaines photos induisent une fascination chez les uns et un sentiment de dégoût chez les autres, des refus pouvant aller jusqu’à la colère ? Question de morale individuelle ou culturelle, de connaissance ou d’ignorance du médium, de défenses propres ou familiales ? Ceci n’est pas sans interroger le thérapeute comme l’artiste ou le critique d’art. Sont particulièrement mis en cause certains genres comme la pornographie, le reportage de guerre ou social, mais aussi une grande part de la photographie contemporaine. En réalité toute image susceptible de réveiller une douleur ! Il n’existe pas de réponse universelle à cette question. Le rapport que l’on a avec la photographie est un rapport essentiellement intime, personnel et c’est sans doute pour cela qu’elle nous retient et rencontre son succès actuel. 

Auteur
Gilles Perriot
psychiatre et photothérapeute
Référence
RA011-14
Le Goût
Journées de Printemps 2018
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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