La synesthésie et le traitement sensoriel transmodal en tant que « marqueurs psychiques » ; leur utilisation dans l’évaluation et la réhabilitation neuropsychologiques

Le développement du traitement de l’information perceptive chez le très jeune enfant débute par un traitement sensoriel multimodal et les capacités innées du mimétisme. Il est aussi à la base du développement des concepts, donc du langage et ainsi, de la pensée. Il persiste chez l’adulte pour certaines tâches, quel que soit l’âge et quelle que soit la culture (exemple de la tâche Kiki Bouba). La littérature reporte aussi la défaillance chez certains sujets, comme les autistes. La sensorialité reste ce qui nous permet la compréhension du monde qui nous entoure et de notre propre monde interne. Elle est particulièrement touchée dans le vieillissement, certaines pathologies psychiatriques et dégénératives, et constitue de par son appauvrissement ou sa majoration un « marqueur psychique » préalable à la décompensation annoncée, l’effondrement psychique et cognitif à venir. Et pourtant, aucune évaluation sensorielle n’existe de nos jours dans les bilans neuropsychologiques ou psychopathologiques. La synesthésie est une des modalités de traitement transmodal, où un type sensoriel est traduit en un autre (par exemple, les chiffres vus en couleur) et permet une économie psychique considérable. La connaissance de ces aspects (traitement transmodal, synesthésie, sensorialité en tant que « marqueur psychique », la couleur des odeurs, la voix du goût, réactivation de la mémoire…) pourrait ouvrir la voie à l’évaluation des aspects sensoriels et la création d’ateliers à médiation sensorielle à travers l’art.