Le goût du risque : de la conduite ordalique à l’expression picturale

La conduite ordalique s’invite souvent dans le processus d’addiction. En témoigne Thomas, 24 ans, qui nous confie l’expérience de sa dernière sortie nocturne dans la nature au cours de laquelle, après avoir bu quelques breuvages fortement alcoolisés associés à plusieurs cachets d’amphétamines, il se retrouva sur une arête montagneuse à défier la gravité au son d’une musique rythmée. Et aussi Paul, 54 ans, jouant, dans son casino familier, une ultime partie de poker pour « se refaire » au moment où son niveau d’endettement frôle les 500 000 € ce qui le précipite inévitablement vers une « mort sociale ». Ou encore Sébastien nous avouant son goût prononcé à pousser toujours plus loin son dosage de cocaïne dans la seringue afin d’accéder aux sensations espérées, sa « roulette russe à piston » comme il la nomme. Ce goût effréné d’un jeu combiné entre la mort et le hasard nous conduit à nous interroger sur les propositions psychothérapeutiques à adopter envers nos patients. Comment pourrions-nous rivaliser avec un tel goût du risque ? En commençant peut-être par changer de paradigme depuis la recherche de sensation brute jusqu’à celle d’une émotion plus élaborée par le biais de l’expression picturale et de l’éprouvé du beau. Nous verrons ainsi comment le discernement esthétique peut favoriser l’émancipation créatrice, tremplin vers une réciprocité, un sentiment de dépassement de soi exercés jusqu’à leur déploiement offert lors d’une exposition. Enfin, nous montrerons comment la capacité éprouvée de laisser une trace esthétique s’avère susceptible de restaurer une forme d’expérience du temps vécu.

Auteur
Serge Ducrettet
psychologue clinicien
docteur en psychopathologie
et psychologie clinique
psychothérapeute association Le Pélican
Référence
RA011-24
Le Goût
Journées de Printemps 2018
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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