Peint d’épices quand la vie vaut le goût d’Être vécue

Je propose de revenir sur une rencontre ayant eu lieu dans le cadre d’un espace art-thérapeutique avec une patiente anorexique adressée par ses parents médecins découragés par l’échec d’une longue prise en charge de type comportementaliste. Convaincu qu’une jeune fille perd le goût de la vie quand celle-ci n’est pas assez épicée, je lui propose de peindre avec des épices car, dans ma pratique d’art-thérapeute, j’essaie de prendre les choses de manière assez terre à terre surtout avec des patients qui souffrent d’une forme d’indigestion d’écoute de soi, de l’autre ou par l’autre. Cette patiente retrouva le goût de vivre plus rapidement que je ne l’aurais pensé à l’issue d’un éclat de rire quand après avoir réhydraté les condiments et les avoir étalés sur un support composé de serviette jetables elle me lança le calembour suivant : « peint d’épices ! » Le travail avec l’inconscient n’est pas comme on a tendance à le penser un travail d’intellectuel supposé plus cultivé que le patient et qui interpréterait à sa place. La psyché est avant tout zone érogène et le thérapeute est peut-être celui dont la vie est suffisamment pimentée pour transmettre dans le transfert pulsionnel ce qui manque à l’autre de piquant pour continuer à jouer y compris avec les mots.

Auteur
Jean-Pierre Royol
docteur en psychologie et psychopathologie cliniques
directeur de PROFAC – Formation et recherche en art-thérapie
Référence
RA011-19
Le Goût
Journées de Printemps 2018
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
Lire l’article complet
S’abonner
Se connecter