Le Cantique de Gabriel (le) ou la traversée du semblant

Déclaré schizophrène et contraint par la voix qui le désigne ange et poète, Gabriel(le) Guez Ricord répond par l’écriture d’un cantique dédié à la traversée du semblant vers la vérité absolue. Mais comment dépasser le semblant par un autre semblant dont il calcule la métrique ? Tout au long de la traversée, le poète ne cesse d’hésiter : J’appelle, je démens, je me retourne, moi qui ne sais pas lire le retour. Impossible pourtant pour qui s’identifie à l’ange et féminise son prénom de traverser les reflets de la fiction : « Tu restes là paraître dans cet autre, ô paraître, dans ton immobile corps. » Vaincu par le paradoxe, Gabriel(le) disparaît pour ne plus paraître. C’est la fin du cantique ; il se donne la mort. « Que mort s’adonne de ce théâtre. » La cruauté surmoïque, lassée de cette traversée poétique, exige un silence au pied de la lettre, preuve de la sacralité irrécusable d’une quête fusionnelle avec la vérité-toute. En art-thérapie sommes-nous toujours conscients que le pousse au semblant que suppose le processus de création, dont on sait qu’il protège le névrosé de la crudité du réel, pourrait chez un sujet psychotique attirer les foudres d’un surmoi cruel assoiffé de vérité ?

Auteur
Jean-Pierre Royol
psychologue, fondateur et directeur de PROFAC
Référence
RA012-15
Traversées
Journées d’Automne 2018
Catégories
Psychanalyse
Poésie
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