Le passage point d’inflexion de la traversée

La traversée n’a rien d’une banale promenade ni du voyage
ordinaire. Au déplacement dans l’espace que toutes trois supposent dans leur définition prosaïque, s’adjoignent un surcroît
de sérieux, une surcharge de péril que viennent ponctuer certains
moments forts et points de passage obligés auxquels une valeur
symbolique ou réelle spécifique de la traversée est attachée.
Traverser, c’est moins « se diriger vers » que « passer par », si l’on
se cantonne aux critères spatiaux, voire « passer pour » dès qu’un
objectif initial est fixé ou qu’une finalité espérée, même incertaine,
s’entrevoit ou se rêve. La balise, le col, le cap, la frontière, la porte,
le pont, le péage, matérialisent entre autres ces points d’inflexion
comme autant de marques d’étapes avec les changements d’état,
de statut, de rôle, d’impressions, de sentiments, d’appartenance
qui leur font cortège. Le franchissement du point de passage, ses
servitudes ou prérogatives associées, offrent l’opportunité d’une
action concomitante qui va insérer de la densité et de la durée
dans l’espace du passage. Au figuré, ce qui était spatial glisse progressivement du côté temporel lorsque, comme le dit l’inimitable
Trésor de la langue française, « l’agent du procès est le temps ou
une fraction du temps. »

Auteur
Jean-marie Barthélémy
docteur ès lettres et sciences humaines,
professeur honoraire de psychopathologie
et psychologie clinique,
université Savoie-Mont-Blanc
jeanmariebarthelemy@gmail.com
Référence
RA012-01
Traversées
Journées d’Automne 2018
Catégories
Phénoménologie
Peinture
Nu descendant un escalier 2
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