Un bon bateau est dit « marin » quand, pour traverser vents et marées, il peut tanguer, rouler, gîter sans dériver à différentes allures jusqu’à remonter au vent. Cela requiert une grande qualité de la coque, de la voilure, mais aussi du maître à bord, de son équipage et de tout autre passager. Les différents « ouvrages d’art », motifs de l’oeuvre maîtresse de Turner, sont autant de « métaphores vives » de leur auteur-passeur, mais aussi pour ceux qui les regardent non pas seulement « en passant », mais en tant que passager qui souscrit au travail du pas, de la passe et du passage (percolation et perlaboration). Art de l’ouverture qui fait lien, du nouage qui désaliène, de l’élan retenu qui révèle la portance du vide, de la passibilité qui tel Ulysse attaché au mât de son navire écoute sans succomber aux sirènes fracassantes du transfert. Il en est de même de celui qui s’embarque dans une traversée thérapeutique non pas seulement de celles qui par séances, consistent en aller-retour entre deux rives ou en franchissement-contournement d’une résistance, mais de celles qui font traverser l’horizon, entre les choses, dans le précipité du vortex de la lumière de l’Inconnu. Comme dans les toiles de Turner, au-delà de la mer(e) en folie et de la consumation du vaisseau paternel, où pour conjurer notre propre naufrage et celui du monde des objets, il nous offre de hisser les couleurs.
Auteur |
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Jean-Pierre Martineau professeur honoraire de psychologie clinique et de psychopathologie, université Paul Valéry, Montpellier jean-pierre.martineau0152@orange.fr |
Référence |
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RA012-10 Traversées Journées d’Automne 2018 |
Catégories |
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Art Peinture |
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