Pollock ou “la trace de la traversée”

« Quand je suis dans mon tableau, je ne suis pas conscient de ce que je fais. C’est seulement après une espèce de temps de prise de connaissance que je vois ce que j’ai voulu faire. Je n’ai pas peur d’effectuer des changements, de détruire l’image, etc., parce qu’un tableau a sa vie propre. J’essaie de la laisser émerger. C’est seulement quand je perds le contact avec le tableau que le résultat est chaotique. Autrement, il y a harmonie totale, échange facile, et le tableau est réussi. » Dernier né d’une fratrie de cinq garçons, un père alcoolique, des déménagements très fréquents ont amené Jackson Pollock à chercher son chemin sur les voies artistiques de la peinture. Devenu lui-même alcoolique, sa peinture prendra une dimension particulière quand il verra les dessins de sable des indiens navajos. Il s’agit de saisir l’inscription du sujet dans ce qui le traverse et dans ce qu’il traverse par la trace laissée de ce passage. La trace effacée deux fois se perd dans les entrecroisements de peintures projetées, matières vivantes, épaisses, écriture sporadique de pleins et de déliés. Chez Pollock, la traversée se saisit par la trace picturale, notamment le dripping, qu’il écrit en tournant autour de son oeuvre, espace qu’il traverse inscrivant sa douleur d’existence à longs traits, jusqu’à l’accident fatal, mettant un point final à sa traversée. 

Auteur
Berlende Lamblin
psychanalyste, docteur en psychanalyse
berlende@hotmail.fr
Référence
RA012-11
Traversées
Journées d’Automne 2018
Catégories
Psychanalyse
Peinture
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