Les courants multiples de la peinture du début du XX e siècle ont traversé les trajectoires des peintres. Kasimir Malevitch en a fait un mouvement culminant dans le suprématisme et son « carré blanc sur fond blanc ». Est-ce là le sommet de l’art ? Ou son naufrage ? Cette traversée vers le désert est une succession d’équarrissages. Tout d’abord celui de l’objet de la nature, dans des imprécations contre l’impur qui sentent le dégoût du libidinal : depuis « les madones ou les vénus impudiques » jusqu’au « petit coin de nature ». Ensuite, si déjà le cubisme avait déformé l’objet, le futurisme n’avait gardé que la machine, et c’était trop : « nous avons craché sur l’autel de son art », après avoir craché sur d’autres anciennes amours ou ses propres oeuvres — depuis l’impressionnisme et son culte de la lumière au détriment de la couleur exaltée; mais que reste-t-il de celle-ci dans le carré noir sur fond blanc, et que reste-t-il même de cette forme pure dans le fondu du blanc sur blanc ? Certains ont tenté de suivre cette aspiration, plus ou moins loin, mais sans sacrifier la vie : Chagall, Kupka, Picasso … En littérature, l’exigence de l’Azur bloquait Mallarmé sur sa page blanche – écriture blanche sur fond blanc. Nous connaissons bien cette « maladie de l’idéalité » chez les anorexiques, certains adolescents même pas psychotiques.
Auteur |
---|
André Brousselle psychiatre, psychanalyste, membre titulaire de la SPP abrousselle@gmail.com |
Référence |
---|
RA012-12 Traversées Journées d’Automne 2018 |
Catégories |
---|
Psychanalyse Peinture |
Lire l’article complet |
---|
S’abonner Se connecter |