Cri, un des tableaux les plus célèbres au monde, est l’oeuvre emblématique d’un peintre torturé, Edvard Munch, d’une époque tourmentée et d’un courant artistique novateur. Cette icône de l’histoire de l’art pressentant les apocalypses du XXe siècle est le symbole de l’angoisse existentielle. Construit lui-même sur une dynamique de traverse, Cri traverse et fascine le spectateur car il le renvoie au plus profond de lui-même, depuis le cri premier du nouveau-né jusqu’au cri de désespoir de l’adulte et de l’artiste face à la détresse ou aux déchirements propres à toute création. Ce cri « traversa la nature » dira Munch. Il transperce le silence tout en n’étant lui-même que silence, silence assourdissant de l’indifférence ou encore silence angoissant du cri impossible dans certains rêves. OEuvre expressionniste, le Cri de Munch a été poussé sur un pont, traversée de la vie à la mort, du temporel au spirituel, du profane au sacré, mais aussi lieu de vertige au-dessus du vide existentiel. Elle précède ainsi le mouvement révolutionnaire artistique allemand Die Brücke (Le Pont) qui a traversé et uni pour le meilleur et pour le pire les deux derniers siècles en permettant — ici à travers le cri — d’exprimer la déformation des corps et par suite la laideur et la souffrance inhérentes à la condition humaine. Nous évoquerons aussi d’autres cris effrayants qui ont traversé différentes formes d’expression artistique : le Cri de la Méduse du Caravage, Pape Innocent X de Bacon, Le cri de Rodin, de Bourdelle, Tosca, Don Giovanni, Théorème, India Song.
Auteur |
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Ghislaine Reillanne psychiatre ghislaine.reillanne@wanadoo.fr |
Référence |
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RA012-04 Traversées Journées d’Automne 2018 |
Catégories |
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Psychopathologie de l’expression Peinture Cri |
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