La mémoire collective martiniquaise garde les traces de l’arrachement au pays d’origine, de l’horreur du bateau négrier, des vexations et des souffrances endurées sur les plantations. Com ment répondre à la violence du colonialisme? à l’oppression d’un peuple? Aimé Césaire le fait dans des discours, des pamphlets, dans des pièces de théâtre, et par l’action politique. Mais pourquoi la poésie? La rhétorique de la violence peut-elle s’allier avec« le beau»
pour dénoncer l’inacceptable ?
Avec une voix douloureuse et écorchée, « [se] fourrant dans la gorge mille crocs de bambou. Mille pieux d’oursin», le poète décrit les Antilles comme un corps malade, rongé par l’impuissance, l’inertie et la décomposition morale : tableau insoutenable d’un pays tant aimé. Cette brutalité retournée contre soi aurait-elle une valeur cathartique ? Partant de la tentation de la trahison, passant par l’acceptation puis la revendication de l’héritage noir, Césaire opère, par la parole poétique, la transmutation de l’humiliation vers la révolte :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot de désespoir ».
Imprécations, anathèmes, prophéties : la voix de Césaire retrouve la violence fondatrice des textes bibliques ou des grandes cosmogomes païennes.
Auteur |
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Sylvie Cassayre docteur ès lettres |
Référence |
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RA014-18 Violences Journées d’Automne 2019 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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