Chantal Akerman, cinéaste : une érotique de la destruction. Saute ma ville (film, 1968)

« Non, non, certainement pas… Je ne crois pas qu’il faille chercher dans l’autobiographie, ça enferme. » (Akerman, 2014).
Et pourtant, Akerman Chantal-Anna née en 1950 dans une famille juive traditionnelle bruxelloise d’origine polonaise, est fille d’une rescapée, Natalia, déportée à 14 ans en 1942 avec ses parents à Auschwitz et qui en est revenue seule, qui a «survécu» (Stern, 2004) aux génocidaires, à leur tentative d’effacer les traces de l’extermination. Akerman, première génération après la Shoah, s’est emparée d’une caméra et nous a donné à voir, rendu visible quelque impensable du nouage de ce trauma collectif et privé, effets de transmission mère/fille, pour nous faire penser. De Saute ma ville produit dans la jubilation de 1968 à Jeanne Dielman, 28 quai du Commerce, 1080 Bruxelles en 1976, dans la vague féministe, Akerman, transgressive, traque le corps et ses jouissances, le féminin, le déchet, le sexuel, le rituel, la destruction, la folie et la mort. Nous interrogerons ses modalités de réappropriation subjectives, de l’expression, son premier court-métrage, à la création, son chef-d’œuvre, Jeanne Dielman. Au-delà, se posent les enjeux théoriques, cliniques, genrés de la pratique thérapeutique, lorsque l’atroce réel et son cortège de haine sont le noyau autour duquel se construit l’espace psychique : pour une « éthique de la cruauté » (Rosset, 1988) où le beau est ajointé au terrible (Rilke, 1972).

Auteur
Danièle Rosenfeld-Katz
psychanalyste, ancienne maîtresse

de conférences des universités
Référence
RA014-20
Violences
Journées d’Automne 2019
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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