La violence dans les performances d’Otto Muehl

Le parcours artistique d’Otto Muel (1925-2013), l’un des quatre membres de l’Actionnisme viennois est indissociable de la conjonction de deux événements :

L’un, extérieur, qui correspond au déni perpétré, longtemps après la fin de la guerre de 39-40, par le peuple autrichien de sa responsabilité dans sa participation au régime nazi et des conséquences désastreuses de la seconde guerre mondiale.

L’autre, lié à son histoire personnelle, marquée très tôt par une violence ignorée de lui dont il prend conscience dans l’atelier de Brus, un autre actionniste, au retour d’un séjour passé près de sa mère. Cet événement fondateur, révélateur de sa propre violence, marque son entrée dans l’actionnisme et son abandon de la peinture.

Le recours au réel du corps, dans la performance actionniste, pourrait être envisagé comme l’ultime tentative pour « montrer » l’irreprésentable d’une violence instinctive qui se donne comme l’effet d’une trace mnésique sensori-motrice non traduite en image mnésique, donc antérieure au refoulement originaire. Ce « passage par l’acte », et sa ritualisation, réactive une mémoire affective et sensori-motrice et ouvre une voie vers « un partage du sensible » (Rancière), en deçà du dicible, face à un monde en perte de sens.

Auteur
Suzanne Ferrières-Pestureau
psychologue clinicienne, docteur en psychanalyse, membre du groupe Pandora.
 
Référence
RA014-14
Violences
Journées d’Automne 2019
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
Lire l’article complet
S’abonner
Se connecter