Ressortissant, de manière emblématique, du registre de la figurabilité de la violence, les bouches hurlantes de la mère du « Massacre des innocents» de Poussin, de la Méduse de Caravage, de la série des papes de Bacon et des portraits de femmes en proie à la détresse de Picasso, assignent le peintre au défi de relever l’impossible en peinture. Comment rendre une expression inarticulée adressée à l’ouie par le biais de moyens spécifiques au sens de la vue et comment rendre sensiblement le caractère proprement indicible et infigurable du cri ? Cette relation oxymorique des modalités sensorielles de la vision et de la phonation, les peintres l’ont traitée en composant avec la Figure et la figuration, pour suivre G. Deleuze dans son analyse des tableaux de Bacon.
Pris dans ce dilemme, Apelle, afin de réussir le rendu de l’expression d’extrême souffrance de son Prométhée, n’hésita pas à livrer son modèle au supplice du héros antique, jusqu’à son meurtre, entre performance et rituel. Les apories préalablement désignées s’ouvrent ainsi sur des questionnements qui touchent l’éthique du faire pictural, en altercation ininterrompue avec la violence du réel de la création. Voire, d’examiner comment un tel acte de transgression paradigmatique convoque nos possibilités de compréhension et de critique de ce qui, semblant mettre à mal le processus de symbolisation, travaille les intervalles de la sauvagerie et de la civilisation à l’intérieur même des langages symboliques.
Auteur |
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Malvina Bompart historienne de l’art, art-thérapeute, H.D.J. « Le Ginkgo »centre hospitalier intercommunal Robert-Ballanger, Aulnay-sous-Bois |
Référence |
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RA014-10 Violences Journées d’Automne 2019 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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