De quoi le silence est-il le nom ?

Selon une formule maintes fois reprise du chirurgien français René Leriche, « La santé c’est la vie dans le silence des organes ». Quant à la musique, elle serait « entre » les notes et le sens de la phrase dans les « blancs » de l’écriture. Le silence recouvre des significations différentes et parfois contradictoires. Il existe des silences : silence acoustique, silence du corps, de l’attention, de soi, de la parole, du regard. Si le silence est souvent associé au calme et au repos, il ne s’y réduit pas. Ainsi, selon qu’il est choisi ou subi, il n’est pas également « reposant ». L’isolement sensoriel est une redoutable torture. Inversement, le bruit in utero marque le foetus de son « empreinte » (notamment celle du rythme cardiaque de la mère). Pour la théorie de l’information, le contraire du bruit n’est pas le silence, mais le signal (l’information est proportionnelle au rapport signal / bruit). Or, le silence lui-même « fait signe ». Mais de quoi ? De son autre qui se manifeste « sans bruit » ou à « bas bruit », alors que le bruit lui-même peut être « blanc ». De même, la communication ne se réduit pas à la parole ; un silence peut être « lourd de sens » comme dans le cas du boudeur ou de l’étonné. En outre, le silence peut préparer, anticiper (attente, retenir son souffle) ou prolonger (détente, relaxation). Certains indicateurs neurophysiologiques corrèlent ces deux aspects qui caractérisent de nombreuses situations courantes. Peut-on alors dégager des caractéristiques et des effets psychophysiologiques communs aux différentes formes de silence (et de bruit) ? Quel est leur impact sur nos conduites ? Quelles conséquences cliniques et sociétales peut-on en tirer ? Nous chercherons à dégager quelques éléments de réponse à ces questions.

Auteur
Jean-François Lambert
maître de conférences honoraire (neurosciences),
 à l’université Paris 8
Référence
RA015-01
Silence
Journées d’Automne 2020
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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