Les Silent movies de Charlie Chaplin : Charlot et la beauté du cinéma muet

The Kid, Les Temps modernes, City Lights, La ruée vers l’or, Le Dictateur… Les films de Charlie Chaplin sont d’impérissables classiques du cinéma mondial, la silhouette de Charlot fait partie des icônes de la modernité. Comment comprendre les ressorts de son mythe en partant des silent movies, du muet qui a permis de sublimer son humour et sa profonde humanité ? Afin de nous interroger sur la puissance du muet dans son oeuvre, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’esthétique de la pantomime qui, en ses capacités métaphorique et métonymique, fonde l’art de Chaplin. À titre d’exemple, nous rependrons les instructions que Chaplin a données à Jackie Koogan, son partenaire dans The Kid, pour aider l’enfant alors âgé de 4 ans à mimer la scène au cours de laquelle les services sociaux le séparent brutalement de son père de fortune, Charlot. Avant la parole — The Kid étant un film muet — l’infans, les bras tendus, vit alors un déchirement subjectif, une agonie primitive dont Chaplin semble avoir retrouvé les contours dans sa propre mémoire. Puis, nous commenterons un souvenir d’enfance que Chaplin (1964) relate dans son autobiographie. Il y explique que l’art de la pantomime lui a été inspiré par sa mère qui, pour amuser ses deux enfants avec lesquels elle vivait dans le plus grand dénuement dans les bas-fonds de Londres, mimait les passants qu’elle observait à partir de la fenêtre de leur mansarde. L’humour de la mère, son corps épousant les allures et gestes des quidams dans la rue, faisait alors écran à la pauvreté extrême dans laquelle ils vivaient. Chaplin disait souvent que sa mère était une grande source d’inspiration pour sa technique de comédien et aussi pour sa vision de la vie. De quel silence la mère, à l’instar de la mère de Camus et de celle de Baudelaire, est-elle la musicienne ?