Silence « Pour que la mer s’arrête et les pierres montent »

Le silence n’est pas antérieur à l’expression du sujet. Dire et faire l’instaurent au contraire. L’angoisse de la page blanche n’est pas liée au silence qu’elle semble incarner, mais bien au tintamarre intérieur originel qu’elle réactive tant qu’elle n’est pas réduite au silence sous l’effet d’un singulier marquage. Ce n’est pas tant le silence qui est angoissant, c’est le fourmillement perceptif inarticulé du Réel, l’infini ronronnement, les pleurs incessants du nourrisson, les sirènes mortifères dont on ne peut parler que dans l’après-coup, dans le silence qu’elles ont enfin produit. C’est en créant du silence que l’acte permet à la pensée de se décompacter. Dans ce brouhaha, dans ce brouillage inhibant, l’art-thérapeute pourrait-il rejoindre ceux qui inventent de modestes dispositifs poétiques, capables d’ouvrir au silence en réduisant d’un geste les potentialités angoissantes de tout support. Car oser poser sa marque, c’est interrompre le vacarme assourdissant des étendues sonores en ouvrant sa place au silence : « pour que la mer s’arrête et les pierres montent »

Auteur
Jean-Pierre Royol
psychologue
Référence
RA015-14
Silence
Journées d’Automne 2020
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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