Dans son roman autobiographique, Le premier homme, Albert Camus évoque de nombreux silences qui font partie de sa propre histoire : silences de sa mère malentendante, silences d’une histoire familiale marquée par la migration et la pauvreté, silence sur le père, qui meurt dans sa première année, le laissant orphelin de guerre. De ces silences naîtra cependant une vocation littéraire ; de son propre aveu, Albert, alias Jacques, ne peut se résoudre à l’anonymat, à une patience aveugle, sans phrases. La parole doit éclater pour enfin laisser des traces. D’une autre nature semble le silence de Travis Henderson, dans le film Paris, Texas, de Wim Wenders, silence mutique au sortir d’une errance, qui lui aussi s’ouvrira sur une parole, parole du souvenir qui tente d’ouvrir un avenir. Obsédé par l’idée de retourner à Paris, Texas, Travis partage avec Jacques une quête des origines, un retour sur l’histoire parentale. Après avoir revisité l’histoire de son propre couple, Travis quitte l’écran pour retourner au silence de la route ; nous perdons sa trace. À la mélancolie de Travis s’oppose l’ardeur affamée de vivre du jeune Jacques-Albert, qui explose dans Noces à Tipasa. La gloire qu’on y croise est celle des noces avec le monde : témoigner et l’oeuvre d’art viendra ensuite.
Auteur |
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Valérie Deschamps psychiatre, psychanalyste, Paris |
Référence |
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RA015-05 Silence Journées d’Automne 2020 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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