Le Génie, l’Ingénieur et l’Ingénu serait une fable ayant pour morale la mesure vertueuse (sôphrosunè) : « juste » mais non alignée à l’exactitude bornée des calculateurs, bonne mesure comme on dit, « bon poids », non pas approximation mais largesse consentie. Pourquoi en psychopathologie ne pas nommer un génie clinique, qui soigne les démesures (hubris) des délires, affabulations, passions, mais aussi un génie poï-éthique pour penser la créativité des patients et de ceux qui reconnaissent leur singularité sans commune mesure ? Le génie humain n’est pas l’apanage exclusif des auteurs grandioses frappés par « l’éclair de l’immense ». De Jean Delay à Raphaël Gaillard, l’ingéniosité, la rigueur, le pragmatisme du chercheur et du soignant ne sont pas coupés de l’ingénuité qui nourrit leur capacité d’empathie et d’émerveillement face aux œuvres majeures comme face aux éclats de l’esprit des patients. Les traumatismes n’annihilent pas leur besoin de fabriquer, travailler, composer, ni non plus leur fréquentation des visions fantasmagoriques. La friction du génie mesureur de la complexité avec la candeur du génie ému par la grâce, la beauté et la complication des sentiments s’illustre chez Léonard de Vinci et Blaise Pascal ; chez « l’homme qui aimait les femmes » (François Truffaut) aussi.
Auteur |
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Jean-Pierre Martineau professeur honoraire de psychologie clinique et psychopathologie jean-pierre.martineau0152@orange.fr |
Référence |
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RA019-10 Mesure Démesure Journées d’Automne 2022 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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