Albert Camus, lecteur d’Héraclite dont il aime la difficile conciliation des contraires, auteur d’une thèse sur Plotin et passionné d’Eschyle, est un héritier de la pensée grecque qui fait de la mesure un idéal architectural, éthique et philosophique. Cette mesotes, ou juste mesure, selon le terme grec employé par Aristote dans l’Éthique à Nicomaque, est le lieu d’une tension entre des excès, d’un équilibre entre des forces antagonistes, d’un cheminement qui mène de l’hybris à la tempérance.
Mais, comme les Grecs, Camus n’est-il pas fasciné par la démesure ? Quand, dans Noces en 1937, il célèbre son union vitale avec les forces de la nature, au milieu des ruines de Tipasa, ne se peint-il pas en Dionysos ? Et en Prométhée quand, en 1946, il se révolte contre les violences de l’histoire dans Prométhée aux Enfers, ou qu’il s’insurge contre la laideur de l’Europe dans L’Exil d’Hélène en 1948 ? L’œuvre de Camus se construira sur la recherche continuelle de ce point d’équilibre de la mesure grecque contre les figures de la démesure. Et c’est dans la conclusion de L’Homme révolté en 1951 qu’il opte pour Ulysse et pour « la pensée de midi », solution humaniste aux impasses politiques, éthiques et esthétiques de son époque.
Auteur |
---|
Sylvie Cassayre docteur ès lettres, Chambéry sylvie.cassayre@orange.fr |
Référence |
---|
RA019-09 Mesure Démesure Journées d’Automne 2022 |
Catégories |
---|
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
---|
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
Lire l’article complet |
---|
S’abonner Se connecter |