Le cas Vivian Maier : familles et cadre photographique

Vivian Maier, photographe franco-américaine récemment découverte, révèle par ses clichés les méandres d’une vie aventureuse et d’une production prolifique restée pourtant cachée. Chez elle, la démesure est d’abord celle d’une saga familiale traumatique, associant un fardeau transgénérationnel aux vicissitudes de la migration. Dans cette famille, tout est hors cadre, débordant, imprévisible voire violent.

Se saisissant d’un appareil photo, Vivian n’aura de cesse de cadrertoute sa vie, avec méthode et un génie artistique émergeant au fil de la publication de ses archives. Cadrages parfaits avec effets de géométrie et de symétrie, jeux d’ombre et de lumière soigneusement choisis, tout semble « tiré au cordeau » dans son œuvre du début. Cadre et mesure sont aussi de règle dans sa vie officielle de gouvernante, austère et stricte. Elle évolue dans un environnement aisé et plutôt conventionnel.

Le décalage de certains sujets signale cependant l’orage à venir : photographies de poubelles, de clochards, d’arrestations… Malgré ses précautions pour faire disparaître un passé tumultueux, elle est peu à peu rattrapée par ses tempêtes intérieures. Juste un peu fantasque et appréciée pour ses originalités dans ses premiers postes, elle sera peu à peu gagnée par une double démesure : celle de ses 143 000 clichés et des huit tonnes de ses diverses possessions entassées dans des garde-meubles. Restée dans l’ombre, c’est souvent comme une ombre qu’elle se représente dans ses autoportraits : ombre tragique ou miroir d’une rare résilience ?

Auteur
Valérie Deschamps
psychiatre, psychanalyste,
hôpital de jour Dutot, 75015 Paris
v.deschamps7@orange.fr
Référence
RA019-11
Mesure Démesure
Journées d’Automne 2022
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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