Au détour des fenêtres

On peut tout voir, ou ne rien voir d’une fenêtre. Ouvrons-la quand même. D’aucuns l’appellent une croisée. Quelle origine à cette appellation ? Autres moeurs, autres termes, voyons sur quoi elle permet au regard de se fixer. La femme assise de Hopper, immobile, assise sur son lit, semble y contempler la beauté d’une solitude citadine. Loin de ce paysage urbain et de cette baie vitrée, la croisée évoque les ouvertures taillées dans les anciennes maisons de pierre aux toits pentus, ouvertes à la croisée des chemins, du jour et de la nuit. En se penchant, on pourrait y voir passer les chevaliers croisés, animés d’un rêve héroïque et brutal, partir pour défendre la Jérusalem céleste, ou de simples pèlerins, comme Ulysse, rêvant d’un retour apaisé dans la chaleur de leur foyer. Refermant alors fenêtres et rideaux, l’homme y retrouve sécurité et protection dans la chaleur du monde de soi et de l’intime. Mais qu’elle soit ouverte ou fermée, la fenêtre reste un lieu métaphorique de passage. Si le jour en a besoin pour la traverser et nourrir la vie, la mort l’ignore. Passe-muraille, elle se moque de ces ouvertures et de leur symbolique, pour laisser l’homme seul à la croisée de son destin.

Auteur
Luc Massardier
psychiatre
lucmass@wanadoo.fr
Référence
RA017-04
Fenêtres
Journées de Printemps 2021
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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