Chagall : et la colombe se posa sur le bord de la fenêtre…

Depuis la nuit des temps la Fenêtre existe, puisque déjà dans la Genèse Dieu avait exhorté Noé à construire son Arche avec une fenêtre. Celle-ci n’est pas tant un objet architectural ou ornemental, c’est un élément essentiel de médiation entre deux perceptions de l’espace, l’intérieur, voire l’intime, et l’extérieur, sur le bord de laquelle se rencontrent le plus lointain et le plus proche.

Nombreux sont les artistes, écrivains et peintres, qui ont utilisé cette interface, ce Janus à double-face, comme lien et lieu de passage entre ces deux mondes.

Parmi eux, Marc Chagall, peintre majeur du XXe siècle, a bien compris le rôle capital de la fenêtre qui sépare les espaces intérieur et extérieur tout en maintenant la cohésion et l’unité de l’espace pictural global. Dans ses tableaux la fenêtre permet l’ouverture au monde, l’entrée de la lumière et sa transcendance dans une dimension sacrée tels les vitraux du Message biblique, ainsi que l’envol dans l’imaginaire et le rêve par des approches allégoriques, parfois énigmatiques, faisant virevolter ses personnages dans les airs.

Par le motif de la fenêtre, le génie pictural de Chagall a su ainsi déformer la réalité, abolir les lois spatio-temporelles, cumuler la tradition de ses origines judéo-russes et la découverte de la modernité occidentale. À travers elle il nous fait voyager en apesanteur, portés par le message divin de la colombe.

Auteur
Ghislainne Reillanne
docteur de l’EHESS, président de l’association Henri Maldiney, administrateur de la SFPE-AT et de l’École française de Daseinsanalyse, essayiste et peintre
ghislaine.reillanne@wanadoo.fr
Référence
RA017-02
Fenêtres
Journées de Printemps 2021
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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