Entre le fini et l’infini : fenêtre sur rue, sur cour ou jardin

« La réalité est ce qui nous arrive jusqu’à la fenêtre. »

« Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres », Les Usines du grand poète belge Émile Verhaeren délimitent un dedans soustrait aux regards, elles ouvrent sur un dehors essentiellement ambivalent. Persiennes et volets, marquises, jalousies et rideaux bordent, rythment notre regard. Dans son poème éponyme, Les Fenêtres, Mallarmé les décrit comme la frontière qui nous convie par leur transparence à communiquer et à faire communiquer l’intérieur et l’extérieur. Dans notre communication, nous essayerons d’ouvrir une fenêtre qui donne sur rue, une autre sur cour. Pouvant abriter un jardin, cette dernière, nécessairement intérieure, rappelle l’atrium et le péristyle, les patios et leur ouverture à un dedans délicieusement ombragé. L’intime sur lequel donnent ces murs muets est l’intime même de la création, l’espace à partir duquel se créent le soin et l’amour. La prison et la solitude étant déterminées, quant à elles, par une double soustraction du regard : du sujet mutilé dans son propre champ de vision, mais exclu du champ social. L’élision de son propre regard sur le monde marque-t-elle son oblitération en tant que sujet ? Le commerce qu’entre-tient le sujet avec le monde par sa fenêtre est alors tronqué, opérant une découpe réductrice dans sa conscience. Ce double mouvement où cadre du fantasme et cadre du sujet s’emboîtent pour faire image nous intéressera dans ses dimensions esthétiques, notamment poétiques et thérapeutiques.

Auteur
Silke Schauder
professeur honoraire de psychologie, université du Luxembourg, directrice du laboratoire de recherche en psychologie clinique, hôpital Kirchberg, Luxembourg
silke.schauder@orange.fr
Pierre Lafrance
ambassadeur de France
Référence
RA017-16
Fenêtres
Journées d’Automne 2021
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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