Erre-moi dans tes bras

Nomade de la polysémie, Léo papillonne dans tous les sens des mots. Lors d’une fête à l’hôpital, il voyage en solitaire suivant des yeux l’infinie duplication des taches de lumière projetées sur les murs par une boule de miroirs qui tourne au plafond. Alors qu’en séances il se disperse habituellement sans laisser de traces, il produit d’un doigt glissant sur la buée d’une vitre une forme que je me surprends à nommer : « papillon ». A-t-il vu ce que je voulais dire ? Me force-t-il en quelque sorte à le dire ? Ce mot qui ne peut se signifier que par une forme va montrer sa pertinence dans le dispositif familial. Il enferme des liens forclos, à la fois inaccessibles et présents, visibles et pourtant dissimulés. J’appelle « pictorêve » ce type de forme évoquant l’errance d’un continent désarrimé. Si cette trace en tant qu’affect au pied de la lettre n’avait pas pour fonction d’être masque à la mémoire, mais s’imposait comme signe de la pure immédiateté, je montrerai qu’en la nommant celle-ci prit soudain valeur d’usage dans une chaîne signifiante relationnelle et que l’énoncé du simple battement de ses ailes fit s’ouvrir un chemin de randonnée sentimentale.

Auteur
Jean-Pierre Royol
Psychologue †
Référence
RA016-16
Errances
Journées de Printemps 2021
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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