Devant une fenêtre, nous pouvons nous stabiliser face à l’ouverture ou perdre pied et basculer dans le vertige. Et c’est le rythme qui transforme le vertige en ouverture. Mais sans l’expérience du vertige, pas de rythme. Quel meilleur premier accès au vertige que la fenêtre ? Le vertige est une expérience redoutable, mais aussi un principe directeur, source de l’esthétique, matrice du rythme. C’est ainsi que les fenêtres sont de parfaites « portes d’entrée » pour mieux comprendre ce qui se joue dans l’existence, c’est-à-dire le vide, l’entre-deux et le mouvement. Les fenêtres sont de merveilleuses invitations à fréquenter le vide pour mieux exister. Le vide tel que l’entend le Tao, c’est-à-dire le fond duquel émergent le ciel et la terre. Si « l’existence est une exclamation dans le vide éclaté » (Maldiney), quoi de plus explicite que les fenêtres comme ouverture sur le rien ? L’entre-deux, valorisé par la pensée chinoise, n’est plus réduit au statut d’intermédiaire ou de degré, mais consiste en un déploiement infini, sans quitter le sensible. Les fenêtres deviennent « mondes » où sans entrave, disponible, on peut sans fin évoluer : zone d’expérience première. La fenêtre, vitrifiée de silence, est le foyer du vertige et de son pouvoir agissant.
Auteur |
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Bernard Rigaud psychologue clinicienne, maître de conférences, université de Caen-Normandie rigaud.dequier@wanadoo.fr |
Référence |
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RA017-17 Fenêtres Journées d’Automne 2021 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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