Fenêtres : entre quête d’identité et désir d’Infini

Cela semble une évidence : pur prolongement de notre corps, les fenêtres font partie de notre espace intime. Comment concevoir l’architecture humaine sans elles ? Et quant au dispositif pictural, n’est-il pas dans son essence, lui-même fenêtre ? Seul le souvenir de la peinture murale, celle des grottes et des églises byzantines, introduit quelque doute : la fenêtre n’est pas à l’origine dans l’histoire de cet art. Ce n’est qu’une fois devenue portative que l’icône nécessite un support, un cadre, annonçant ainsi le tableau, supposant distance et sélection, inaugurant un régime du Désir.

Expérience fondatrice que cette séparation entre objet et subjectivité observante, où se révèle la double fonction de la fenêtre, en architecture puis en peinture : contenir et se faire contenant. La rime de Baudelaire est évocatrice : elle nous fait naître. Équilibre instable pourtant : contenir c’est aussi exclure, mettre hors-champ, rendre absent. Ce que la fenêtre valorise éveille en même temps la nostalgie de ce qu’elle sacrifie.

Paradoxe de la peinture, jusque dans son dispositif ! Son histoire mouvementée l’atteste, elle peut s’y perdre. La crise aiguë qu’elle traverse tout au long du XXe siècle est dominée par la question de sa survie. Ce voeu de Rilke : « voir l’Ouvert », résonne ici comme un Salut possible.

Moment-clé de cette crise, l’autoportrait de C.D. Friedrich adolescent (1802) guidera ma réflexion.

Auteur
Georges Bloess
docteur en esthétique et sciences de l’art, professeur émérite au département arts-plastiques université Paris-VIII-Saint-Denis
georgesbloess@gmail.com
Référence
RA017-18
Fenêtres
Journées d’Automne 2021
Catégories
art-thérapie, psychologie, cinéma, musique
Noms propres
Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N.
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