«Il est difficile de peindre en même temps un intérieur et un extérieur » aurait dit, assez platement, Edward Hopper. Gageons que cette formule concerne, en fait, le problème de la peinture lorsqu’elle doit figurer l’invisible avec du visible. Figuration à laquelle concourt le motif pictural de la fenêtre. La « fenêtre-tableau » de Hopper donne une présence singulière au regard du peintre, qui s’attarde, étrangement, sur des scènes anodines, sans histoire ni intérêt apparent. Quel désir anime ce regard ? Ici interviennent les « fenêtres-dans-le-tableau ». Grâce à la relation à la fois métonymique et métaphorique qu’elles établissent entre la maison et le corps humain, la personne humaine, elles signalent des « intérieurs », des lieux intimes qui renferment d’autres intimités, des fors intérieurs mystérieux. Mais vides, peut-être, — désespérément vides ? — Le théâtre de l’intime pourrait bien s’avérer atterrant. Reste que par les fenêtres entrent le vent et la lumière, immatériels comme les regards. Vent et lumière, phénomènes physiques, mais parfois autre chose aussi, d’un peu fantastique, voire surnaturel, et dont nul discours ne saurait rendre compte. Méfions-nous donc de Hopper : son soi-disant « réalisme » est à double-fond !
Auteur |
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Marie-Pierre Burtin Agrégée de lettres classiques, traductrice, romancière mpburtin@orange.fr |
Référence |
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RA017-03 Fenêtres Journées de Printemps 2021 |
Catégories |
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art-thérapie, psychologie, cinéma, musique |
Noms propres |
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Duchamp M., Hergé, Caravage M., Sadoul N. |
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